Public
FTAA.soc/civ/39
Le 27 mai 2002
Original :
anglais
ZLEA – COMITÉ DES REPRÉSENTANTS GOUVERNEMENTAUX SUR LA PARTICIPATION DE
LA SOCIÉTÉ CIVILE
MÉMOIRE PRÉSENTÉ EN RÉPONSE À L’INVITATION OUVERTE
Nom |
William A.
Hagedorn |
Organisme |
Comstock & Theakston, Inc.
|
Pays |
États-Unis
|
Incidences de l’ALENA sur la zone de
libre-échange des amériques en matière de commerce,
de travail et de drawback
I. Incidence de l’ALENA sur la balance
commerciale des Etats-Unis
(Tous les renseignements qui figurent
dans la présente section sont fondés sur des données qui proviennent des
sites suivants du U.S. Census Bureau [Bureau du recensement des
États-Unis] :
http://www.census.gov/foreign-trade/balance/c1220.html
http://www.census.gov/foreign-trade/balance/c2010.html
http://landview.census.gov/foreign-trade/balance/c0006.html
http://landview.census.gov/foreign-trade/balance/c0005.html
.)
A. Balance commerciale des États-Unis avec
le Mexique avant (1985-1993) et après (1994-2001) l’entrée en vigueur de
l’ALENA.
Le graphique A, « Balance commerciale
des États-Unis avec le Mexique avant et après l’entrée en vigueur de
l’ALENA » (voir ci-dessous), montre que pendant les neuf années
antérieures à l’entrée en vigueur de l’ALENA, la valeur globale des
exportations mexicaines aux États-Unis a été de 6 % supérieure à la
valeur globale des exportations américaines au Mexique. En 1985 et 1986,
le déficit commercial des États-Unis avec le Mexique était de 40 %.
Depuis, ce déficit s’amoindrit chaque année. De 1991 à 1993, les
États-Unis ont même affiché un excédent commercial avec le Mexique.
Pendant les huit années qui se sont
écoulées depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA, la valeur globale des
marchandises importées du Mexique par les États-Unis a été supérieure de
23 % à la valeur globale des marchandises exportées au Mexique par les
États-Unis. En 1994, première année complète de mise en application de
l’ALENA, les États-Unis avaient un excédent commercial avec le Mexique,
en légère baisse par rapport à 1993. Toutefois, chaque année depuis
1994, les États-Unis ont eu un déficit commercial de 20 à 34 % avec le
Mexique.
Le graphique C, « Balance commerciale entre les
États-Unis et le Mexique de 1994 à 2001 » (ci-dessous), présente des
renseignements supplémentaires sur les déficits commerciaux enregistrés
entre ces deux pays pendant ces huit années.
Comparaison de la balance
commerciale des États-Unis avec le Canada avant (1985-1993) et après
(1994-2001) l’entrée en vigueur de l’ALENA.
Le graphique B, « Comparaison de
la balance commerciale des États-Unis avec le Canada avant et après
l’entrée en vigueur de l’ALENA » (ci-dessus), montre qu’au cours des
neuf années qui ont précédé l’entrée en vigueur de l’ALENA, la valeur
globale des marchandises que les États-Unis ont importées du Canada
était de 16 % supérieure à la valeur globale des marchandises que les
États-Unis ont exportées au Canada. De 1988 à 1998, ce déficit
commercial a varié de 7 à 16 %. Depuis, toutefois, il s’est creusé
considérablement, passant de 19 % en 1999 à 29 % en 2000 et à 33 % en
2001. En janvier 2002, ce déficit atteignait 37 %, ce qui permet de
croire que le déficit commercial des États-Unis avec le Canada sous le
régime de l’ALENA risque de continuer à s’élargir.
Le graphique D, « Balance commerciale
entre les États-Unis et le Canada de 1994 à 2001 » (ci-dessous),
présente des détails supplémentaires sur les déficits commerciaux des
États-Unis avec le Canada pendant ces huit années.
B. Balance commerciale des États-Unis
avec le Mexique de 1994 à 2001
Le graphique C illustre la valeur
globale de la balance commerciale des États-Unis avec le Mexique en
dollars américains. En 1994, première année complète de mise en
application de l’ALENA, les États-Unis avaient un excédent commercial de
plus de un milliard de dollars avec le Mexique. Toutefois, en 1995, la
situation a connu un revirement complet, et la valeur des marchandises
importées du Mexique par les États-Unis a dépassé de 15,8 milliards de
dollars la valeur des marchandises exportées au Mexique par les
États-Unis. Depuis, ce déficit commercial s’est élargi chaque année,
sauf en 1997. Le déficit commercial avec le Mexique a atteint 29,9
milliards de dollars en 2001, puis plus de 32 milliards de dollars en
janvier 2002.
(Le graphique D, qui illustre la
valeur globale de la balance commerciale entre les États-Unis et le
Canada, établit une distinction entre les transactions effectuées sous
le régime de l’ALENA et celles qui ne le sont pas. Le graphique C ne
fait pas cette distinction étant donné que les gouvernements américain
et mexicain n’échangent pas de données sur les exportations américaines
au Mexique.)
C. Balance commerciale des États-Unis
avec le Canada de 1994 à 2001
Le graphique D illustre la balance
commerciale des États-Unis avec le Canada au moyen de trois mesures :
les transactions commerciales hors ALENA, les transactions commerciales
effectuées sous le régime de l’ALENA et le cumul des deux types de
transactions. Ce graphique illustre clairement les effets néfastes de
l’ALENA sur la balance commerciale des États-Unis avec le Canada.
Au chapitre des transactions
effectuées sous le régime de l’ALENA, les États-Unis ont accusé un
déficit commercial annuel de 40,6 milliards de dollars en moyenne de
1994 à 2001. La valeur de ce déficit a varié de 4,4 milliards de dollars
en 1994 à 67,9 milliards de dollars en 1999.
À l’inverse, sur le plan des
transactions hors ALENA, les États-Unis ont affiché un excédent
annuel de plus de 12,8 milliards de dollars en moyenne pendant cette
période. (Les entreprises et les producteurs choisissent souvent de ne
pas se prévaloir du traitement préférentiel lorsqu’ils exportent des
marchandises dans un pays de l’ALENA en raison de la complexité des
processus d’évaluation et de classification et parce que dans bien des
cas, l’observation des règles oblige les entreprises à mettre en place
des procédures internes coûteuses qui s’ajoutent au coût de leurs ventes.
Bon nombre d’entre elles préfèrent donc payer le tarif. La pénalité à
laquelle sont exposées les entreprises qui ne remplissent pas le
certificat d’origine correctement est un autre facteur qui entre en
ligne de compte dans leur décision. Fait à noter : les entreprises qui
décident, pour une raison ou une autre, de ne pas se prévaloir du
traitement préférentiel dans leurs transactions avec des pays de l’ALENA
ne sont pas soumises à des restrictions sur les drawback, et peuvent
réclamer le plein drawback des droits [dans la mesure où elles y
sont admissibles, bien sûr].)
Il ne fait aucun doute que les
transactions effectuées sous le régime de l’ALENA et les transactions
hors ALENA produisent des résultats très différents. Les transactions
effectuées sous le régime de l’ALENA, année après année, se traduisent
par un déficit commercial important pour les États-Unis, alors que les
transactions hors ALENA (celles qui sont admissibles au plein
drawback) entraînent plutôt des excédents commerciaux substantiels. Les
données ne permettent pas de déterminer avec certitude pourquoi
les exportations canadiennes aux États-Unis sont supérieures aux
exportations américaines au Canada dans le contexte de l’ALENA et
pourquoi l’inverse se produit en dehors du contexte de l’ALENA. Il
importe toutefois de retenir que les produits admissibles à un plein
drawback sont plus rentables que les produits soumis à des
restrictions sur le drawback.
II. Effet de l’ALENA sur la main-d’œuvre
aux États-Unis
(La plupart des renseignements qui
figurent dans la présente section sont fondés sur des données de
l’Administration de l’emploi et de la formation, qui fait partie du
Département du travail des États-Unis. Pour consulter ces données, visiter
la page
http://wdsc.doleta.gov/trade_act/taa/ntaa/asp/nafta.asp.)
Le NAFTA-TAA (Programme temporaire
d’assistance au recyclage de l’ALENA) a été mis en œuvre en vertu de la
North American Free Trade Agreement Implementation Act de 1993.
Le Programme temporaire d’assistance au recyclage regroupe des éléments
de deux lois qui sont en vigueur depuis de nombreuses années : le titre
I de la Workforce Investment Act (WIA) et le Programme d’aide à
l’ajustement commercial adopté en vertu de la Trade Act de 1974.
Le Programme temporaire
d’assistance au recyclage de l’ALENA aide les travailleurs qui perdent
leur emploi ou subissent une diminution de leur salaire ou de leurs
heures de travail en raison des échanges commerciaux avec le Canada ou
le Mexique ou d’un déplacement de la production vers ces pays.
Le Programme temporaire
d’assistance au recyclage de l’ALENA offre de l’aide aux employés des
entreprises touchées directement (dans le cas des entreprises primaires)
ou indirectement (dans le cas des entreprises secondaires) par le
commerce avec le Canada ou le Mexique ou par le déplacement de la
production vers l’un de ces pays. Les entreprises primaires sont celles
qui subissent les conséquences néfastes du commerce avec le Canada ou le
Mexique ou qui subissent les contrecoups d’un déplacement de la
production vers l’un de ces pays. Les entreprises secondaires sont
celles qui approvisionnent des entreprises primaires en matériaux ou qui
effectuent l’assemblage ou les travaux de finition des produits d’une
entreprise primaire.
Voici les conditions que doit
remplir une entreprise pour obtenir un certificat d’admissibilité du
Département du travail des États-Unis :
1) les employés de l’entreprise
doivent avoir subi une mise à pied partielle ou complète;
et
2) l’entreprise doit avoir
constaté une baisse de ses ventes ou de son volume de production;
et
3) A) l’augmentation des
importations en provenance du Canada ou du Mexique doit être une cause
importante des mises à pied;
B) il doit y
avoir eu déplacement de la production vers le Canada ou le Mexique.
Aux États-Unis, près de 400 000
travailleurs remplissent ces conditions (398 089 travailleurs avaient
reçu la certification au 4 avril 2002), et de nouvelles demandes de
certification continuent d’être présentées et acceptées à un rythme
soutenu. Cette statistique tient compte uniquement des travailleurs du
secteur de la fabrication. Elle ne représente pas tous les
travailleurs du secteur de la fabrication dont l’emploi a été touché ou
éliminé en raison de l’ALENA, mais seulement ceux qui ont présenté une
demande d’aide en vertu du Programme temporaire d’assistance au
recyclage de l’ALENA. Elle ne donne pas une idée juste du nombre total
d’emplois touchés ou éliminés en raison de l’ALENA puisqu’elle ne tient
pas compte des emplois du secteur des services. Néanmoins, cette
statistique est très importante puisqu’elle chiffre (bien que
partiellement et uniquement pour le secteur de la fabrication)
les emplois qui ont été perdus ou touchés en raison de l’ALENA.
Aux États-Unis, chaque emploi créé
dans le secteur de la fabrication entraîne en moyenne la création de 4,5
plus d’emplois secondaires dans le secteur des services qu’un emploi
dans le secteur de la vente au détail, et 2,9 fois plus d’emplois
secondaires qu’un emploi dans le secteur des services commerciaux et
personnels (statistiques tirées du document de travail de l’Economic
Policy Institute intitulé Employment Multipliers in the U.S. Economy).
Autrement dit, les emplois du secteur de la fabrication sont
considérablement plus importants que les emplois des autres secteurs
pour la santé à long terme de l’économie américaine. Toutefois, comme
nous venons de le voir et comme l’illustrent les tableaux ci-joints, ce
sont les emplois du secteur de la fabrication qui sont les plus durement
touchés par l’ALENA. Par conséquent, nous devons modifier la politique
commerciale de manière, au minimum, à maintenir et protéger ces précieux
emplois et, dans la mesure du possible, rétablir une partie des
centaines de milliers d’emplois qui ont été perdus dans le secteur de la
fabrication directement en raison de l’ALENA.
(Des entreprises de tous les États
du pays ont été touchées négativement par l’ALENA. Rappelons aussi qu’en
vertu des conditions d’admissibilité au Programme temporaire
d’assistance au recyclage de l’ALENA énoncées précédemment, les
demandeurs, même s’ils ont subi une mise à pied complète ou partielle,
sont uniquement admissibles si leur entreprise a subi une baisse dans
ses ventes ou son volume de production.)
III. Intention et résultat des
restrictions sur les drawback dans le cadre de l’ALENA
A. Intention des restrictions sur les
drawback dans le cadre de l’ALENA
L’historique de la NAFTA
Implementation Act apporte les précisions suivantes au sujet de
l’intention derrière les restrictions sur les drawback dans le cadre de
l’ALENA :
[TRADUCTION]
« L’article 203, lorsqu’il sera
mis en œuvre complètement, entraînera l’élimination des dispositions
des lois sur les drawback qui causent des distorsions commerciales en
soumettant les échanges commerciaux entre pays de l’ALENA à des
restrictions sur les drawback, ce qui est essentiel pour voir à ce
qu’aucun pays de l’ALENA ne devienne un simple « tremplin à
l’exportation » de marchandises produites à l’extérieur de la région.
» (les italiques sont de nous)
Selon l’économiste David Gantz, du
National Law Center for Inter-American Free Trade, il est « évident que
l’élimination des drawback sur les droits pourrait inciter fortement [le
Mexique] à tenter de s’approvisionner en pièces auprès de fournisseurs
nord-américains et non auprès de pays tiers, ce qui pourrait avoir un
effet de distorsion important sur les échanges commerciaux entre les
pays tiers (p. ex. la Corée, Taïwan, le Japon et l’Inde) et les
fournisseurs de la région. » De plus, « les parties voulaient que le
Mexique ne soit pas qu’un simple tremplin à l’exportation pour les
entreprises d’assemblage. Pour inciter les entreprises à
s’approvisionner en pièces et composantes auprès de fournisseurs
nord-américains, il ne suffisait pas d’établir des règles d’origine;
il fallait aussi éliminer l’exemption des droits de douane après une
période de grâce de sept ans. Cette période de grâce avait pour but de
donner aux usines mexicaines le temps de trouver des fournisseurs
nord-américains en remplacement des fournisseurs de l’extérieur des pays
de l’ALENA. Cet ensemble de mesures avait pour objectifs de stimuler
l’investissement étranger, de créer de l’emploi, de favoriser le
transfert des technologies et d’offrir une autre solution que l’Asie aux
entreprises américaines confrontées à d’importantes dépenses salariales
et autres. » [TRADUCTION] (Toutefois, M. Gantz souligne aussi que pour
certains produits, la période initiale de sept ans prévue par l’Accord
pouvait être très avantageuse puisque les drawback sur les droits
allaient demeurer en vigueur tout au long de cette période.) [les
italiques sont de nous]
J. Ernesto Lopez-Cordova (« NAFTA and the
Mexican Economy: Analytical Issues and Lessons for the FTAA »),
dans son analyse de l’incidence que l’ALENA pourrait avoir sur
l’emplacement des installations de production au Mexique, émet
l’hypothèse que l’élimination des mécanismes de drawback sur les
droits (le 1er janvier 2001) inciterait les entreprises à
déplacer leurs installations de production de biens intermédiaires
au Mexique ou ailleurs en Amérique du Nord. [les italiques
sont de nous]
B. Quelques différences d’opinion avant l’entrée
en vigueur de l’ALENA
Toutefois, tous ne voyaient pas les choses du
même œil. La mise en œuvre imminente des restrictions sur les
drawback applicables aux droits a suscité de vives inquiétudes
parmi les entreprises et le gouvernement du Mexique, qui
craignaient que les restrictions sur les drawback et le report des
droits incitent les pays non membres de l’ALENA à renoncer à
investir dans les maquiladoras mexicaines.
[La suite du texte portera principalement
sur les maquiladoras étant donné qu’il s’agit « probablement
du plus important secteur de l’économie mexicaine » (selon le
rédacteur en chef du site maquilaportal.com) et en raison de
la situation particulière de ce secteur, qui a fonctionné sous
le régime de l’ALENA avec privilèges de drawback sans
restrictions (de 1994 à 2000), puis avec restrictions (à
compter du 1er janvier 2001).]
De même, de nombreuses maquiladoras croyaient
que l’article 303 de l’ALENA, qui impose des restrictions quant
aux programmes de drawback et de report des droits, leur ferait
perdre leur avantage comparé en raison de l’élimination graduelle
des drawback. Elles avaient l’impression que cet article
provoquerait l’intégration des maquiladoras au reste du secteur
mexicain de la fabrication.
C. Préoccupations exprimées au sujet de l’article
303 de l’ALENA à l’approche du 1er janvier 2001
Le rapport The Impact of the 2001 NAFTA
Changes: Report to the U.S. Customs Service, commandé par le
Service des douanes des États-Unis au National Center for
Inter-American Free Trade, affirme ce qui suit :
[TRADUCTION]
« Toute situation de nature à inciter les
maquiladoras à déménager leurs installations de production en
Asie pourrait être dévastatrice pour les États-Unis et le
Mexique. La production des maquiladoras destinée aux
États-Unis se compose de pièces ou de composantes américaines
dans une proportion de 75 à 80 %. Si ces usines déménageaient
en Asie, leur consommation de matériaux d’origine américaine
diminuerait probablement et pourrait même disparaître. »
[TRADUCTION]
« Les dispositions prévoyant l’exemption
des droits de douane qui ont été en vigueur jusqu’au 1er
janvier 2001 ont joué, dès le milieu des années 1960, un rôle
clé dans la croissance des maquiladoras, et leur élimination
aura d’énormes incidences directes et indirectes sur ces
entreprises ainsi que sur les États-Unis et le Mexique. »
D. Véritables conséquences des restrictions quant
aux drawback sur les droits dans le cadre de l’ALENA
Diane Lindquist, rédactrice attitrée au San
Diego Union-Tribune, a écrit ce qui suit dans son article «
Maquiladora Free Fall » du 27 mars 2002 :
[TRADUCTION]
« En 2001, le secteur mexicain des
maquiladoras a connu, et de loin, sa pire année en 35 ans… »
« En tout, plus de 238 000 emplois (20 % de
l’effectif) ont été perdus dans le secteur des maquiladoras. »
« Par conséquent, certains exploitants de
maquiladoras ont déménagé leurs usines là où les salaires sont
encore moins élevés, par exemple en Chine, en Malaisie, en
Thaïlande, en Équateur, au Guatemala et au Honduras. »
« L’investissement étranger, qui représente
2,17 milliards de dollars, a subi une baisse de presque un
milliard de dollars par rapport à l’année précédente. Au cours
du dernier trimestre de 2001, le secteur des maquiladoras a
attiré des investissements étrangers d’à peine 500 millions de
dollars. »
« Le secteur a connu l’un de ses plus
importants booms après l’entrée en vigueur de l’Accord de
libre-échange nord-américain en 1994. Par contre, en 2001, en
raison de certaines dispositions de l’ALENA, le Mexique a
éliminé les exemptions tarifaires particulières dont
bénéficiaient les maquiladoras. »
« Selon les économistes, la moitié du
ralentissement qui touche le secteur des maquiladoras est
attribuable à la récession qui frappe les États-Unis, le tiers
est lié à la valeur élevée du peso, et le reste est dû à la
révision des structures fiscales et tarifaires. »
Le 1er novembre 2001, le secrétaire mexicain à
l’économie, M. Luis Ernesto Derbez, a discuté de la situation du
secteur des maquiladoras. Il a affirmé que le secteur des
maquiladoras connaîtrait en 2001 son premier ralentissement en
quinze ans. Ce ralentissement s’explique selon lui par plusieurs
facteurs, notamment la modification des lois douanières afin de
les rendre conformes à l’article 303 de l’ALENA. (« Foreign Desk
Alert », Ernst & Young, le 15 novembre 2001)
Dans un bulletin d’information du 29 avril 2002
(maquilaportal.com), Javier Prieto de la Fuente, le président de
la Confederation of Industrial Councils (CONCAMIN), a révélé que
70 % des travailleurs mexicains qui ont perdu leur emploi en 2001
faisaient partie du secteur de la fabrication à vocation
exportatrice, et qu’il faudra attendre plusieurs années
avant que ces emplois soient remplacés. Toujours selon lui, les
résultats des efforts que le gouvernement fédéral déploie pour
renforcer le secteur de la fabrication à vocation exportatrice ne
se feront pas sentir avant des années. [les italiques sont
de nous]
Ces extraits montrent clairement que les
restrictions imposées par l’ALENA sur les drawback des droits ont
eu des conséquences désastreuses qui vont complètement à
l’encontre des objectifs poursuivis par les ministres de l’ALENA
qui ont rédigé l’Accord et par les pays qui l’ont signé. Dans les
faits, cet Accord a entraîné des pertes d’emplois, une baisse de
l’investissement étranger et le déplacement des unités de
production, qui quittent les pays de l’ALENA pour s’établir dans
des pays plus favorables à l’exportation parce qu’ils offrent une
main-d’œuvre à meilleur marché et des programmes de drawback.
IV. Effet réparateur des drawback sur les droits
Dans la décision 216658 de l’Administration
centrale des douanes (Customs Headquarters Ruling 216658), le
Service des douanes des États-Unis déclare ce qui suit :
[TRADUCTION]
« La mise en place par ordonnance
administrative d’une méthode de définition des drawback doit
donner effet à l’intention générale sous-jacente à la loi sur
les drawback, qui consiste à aider les entreprises et les
travailleurs américains à devenir plus concurrentiels sur les
marchés étrangers en garantissant que toutes les dépenses
engagées pour exploiter ces marchés seront exemptes de droits
douaniers supplémentaires aux États-Unis, dans le but de :
favoriser les exportations américaines ;
améliorer la balance commerciale ;
créer des emplois ; et par conséquent
améliorer l’économie dans son ensemble.
(voir par exemple l’affaire des États-Unis c.
International Paint Co., 35 C.C.P.A. 87, 90 [1948]).
À cette fin, la loi sur les drawback est de
nature réparatrice et doit être interprétée de manière à ce
qu’elle remplisse son rôle (voir Fenton Co. c. États-Unis, 14 CCA
277, 280 [1926]). » [c’est nous qui soulignons]
La Court of Appeals for the Federal Circuit, dans
Slip. Op. 99-1032, du 25 octobre 1999, fait également référence à la
nature réparatrice de la loi sur les drawback.
Le passage pertinent de la décision 101421 de
l’Administration centrale des douanes (Customs Headquarters Ruling
101421) du Service des douanes des États-Unis prévoit ceci :
[TRADUCTION]
« Les lois dites réparatrices sont les lois
conçues pour corriger une loi en vigueur, réparer un préjudice ou
mettre en vigueur des règlements dans l’intérêt public. »
En dépit du fait que la NAFTA Implementation
Act n’était pas en vigueur lorsque la première loi sur les
drawback a été adoptée en 1789, la loi sur les drawback peut encore
aujourd’hui servir de loi réparatrice, en ce sens qu’elle :
-
« corrige une loi en vigueur » (p. ex. l’ALENA)
ou qu’elle peut empêcher l’ajout à des avant-projets (comme celui
de la Zone de libre-échange des Amériques) de dispositions comme
des restrictions sur les drawback qui auraient des conséquences
néfastes pour la balance commerciale et la main-d’œuvre des
États-Unis;
-
« répare un préjudice » (p. ex. les
conséquences négatives de l’ALENA sur la balance commerciale des
États-Unis et les pertes d’emplois que cet Accord a provoquées
dans le secteur de la fabrication aux États-Unis); et
-
« met en vigueur des règlements dans l’intérêt
public ».
La loi et les règlements qui contribueraient à la
protection de l’intérêt du public existent déjà; il s’agit de la loi
sur les drawback (19 U.S.C. 1313) et du règlement sur les drawback
(19 CFR, partie 191). Pour que ces textes législatifs remplissent
leur rôle, ils doivent avoir plein effet. Pour permettre à ces
textes d’exercer leur plein effet réparateur, les accords de
libre-échange doivent être exempts de toute disposition qui impose
des restrictions sur les drawback. La loi et le règlement sur les
drawback doivent demeurer autonomes. Les dispositions qui imposent
des restrictions sur les drawback ne sont pas nécessaires
dans un accord de libre-échange et ne profitent ni à la balance
commerciale ni à la vigueur du marché du travail, en particulier
dans le secteur de la fabrication.
Bien que notre mémoire contienne suffisamment
d’arguments qui justifieraient la remise en question des fondements
mêmes de l’ALENA et de tout accord commercial qui pourrait s’en
inspirer, nous nous en sommes tenus à la question des drawback sur
les droits et de l’effet réparateur qu’ils pourraient avoir sur le
déficit commercial des États-Unis et sur le déclin de l’emploi dans
le secteur de la fabrication aux États-Unis. Comme nous venons de le
voir dans la décision 216658 de l’Administration centrale des
douanes (Customs Headquarters Ruling 216658), la loi sur les
drawback a pour objet de contrer les conséquences néfastes des lois
en vigueur et de réparer des préjudices. Nous avons démontré le lien
direct entre l’ALENA et l’élargissement du déficit commercial des
États-Unis avec le Canada et le Mexique et la baisse du nombre
d’emplois et des salaires dans le secteur américain de la
fabrication. Nous avons aussi démontré que l’objectif de l’ALENA qui
consiste, au moyen de restrictions sur les drawback, à voir à ce
qu’aucun des pays membres ne devienne un tremplin à l’exportation de
marchandises produites à l’extérieur de la région, en plus de ne pas
avoir été atteint, a contribué de façon significative au
ralentissement marqué du secteur des maquiladoras mexicaines. Le
retrait des dispositions de l’ALENA sur les drawback, qui sont
toutes restrictives, permettrait à loi sur les drawback d’exister
indépendamment de l’ALENA et d’exercer son effet réparateur, ce qui
entraînerait les avantages suivants :
-
les exportations américaines seraient
favorisées;
-
la balance commerciale serait améliorée;
-
des emplois seraient créés; et par
conséquent
-
l’économie dans son ensemble en profiterait.
Il va de soi, cependant, que les drawback sur les
droits ne pourront pas à eux seuls transformer en excédent
l’important déficit commercial des États-Unis avec le Canada et le
Mexique, ni ne pourront à eux seuls renverser complètement le
processus d’érosion de l’emploi dans le secteur de la fabrication de
manière à restaurer tous les emplois de ce secteur qui ont été
éliminés ou qui ont fait l’objet d’une réduction des heures de
travail. Toutefois, la levée des restrictions sur les drawback
imposées par l’ALENA et le fait de ne pas les inclure dans la ZLEA
et de permettre ainsi à la loi sur les drawback de prendre plein
effet auraient un effet bénéfique, quel qu’il soit, sur la
balance commerciale et la situation de l’emploi, en particulier dans
le secteur de la fabrication.
En 1995 et 1996, plusieurs versions de la
NAFTA Accountability Act ont été soumises au Congrès. Cette loi
aurait eu pour objet de « limiter les dégâts » que peut provoquer
l’ALENA. Étant donné que ce projet de loi n’a pas été adopté, nous
devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour au moins ralentir
les effets néfastes que l’ALENA exerce sur la balance commerciale et
la situation de l’emploi depuis maintenant plus de huit ans. Le
retrait de l’ALENA des restrictions sur les drawback est l’une des
mesures envisageables. Une autre mesure pourrait consister à retirer
de l’Accord de la ZLEA toute restriction sur les drawback et sur
leurs effets bénéfiques, qui sont reconnus depuis plus de 200 ans
par le Congrès américain et les cours américaines et même, depuis
récemment, par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). (Selon
l’OMC, la mise en œuvre de programmes de drawback dans toutes les
régions du monde serait profitable à l’exportation et aux
exportateurs, stimulerait l’exportation, neutraliserait les effets
néfastes des droits de douane élevés, constituerait un incitatif
important à l’investissement étranger direct porteur d’exportations,
favoriserait les exportations, profiterait au secteur des produits
manufacturés et éliminerait un obstacle au développement du secteur
privé.)
V. Conclusions
A. L’article sur les drawback (Art. 203. DRAWBACK)
devrait être retiré de la NAFTA Implementation Act (loi
d’intérêt public no 103-182); et
B. La question des drawback ne devrait pas
être ajoutée à l’Accord de la Zone de libre-échange des Amériques
(ZLEA).
L’ALENA a remplacé le système de drawback qui
avait fait ses preuves pendant 200 ans par son propre programme de
restrictions sur les drawback. Nous croyons que le fait pour les
pays membres de la ZLEA d’être contraints d’abandonner leur
programme de drawback pour accepter un programme restrictif comme
celui de l’ALENA ne présente aucun avantage. Tout accord de
libre-échange, comme le précise l’introduction ou le préambule de la
plupart des accords existants, a pour objet de mettre en place des
conditions avantageuses pour chacune des parties à
l’accord. Par conséquent, les négociateurs de la ZLEA devraient
tenir compte sérieusement des effets néfastes que le programme de
restrictions sur les drawback de l’ALENA a eus sur la balance
commerciale et l’emploi aux États-Unis et sur le secteur des
maquiladoras au Mexique.
Le moyen le plus simple et le plus efficace pour
les pays de profiter des conditions optimales consiste tout
simplement à ne pas inclure de dispositions sur les drawback
dans l’Accord de la ZLEA, ce qui permettra aux programmes de
drawback existants de fonctionner indépendamment de l’Accord de
libre-échange et de continuer à jouer pleinement leur rôle.
|